« Promotion de la santé, V.I.H et prison » : un guide de recommandations et plaidoyer pour les acteurs de la lutte contre le sida en milieu pénitentiaire, édité par Sidaction.
Sorti en Septembre 2019, cet outil dépasse son intention de départ. Destiné aux intervenants en milieu pénitentiaire, il est aussi utile aux travailleurs sociaux en dehors des murs carcéraux qu’instructif pour des lecteurs de tous horizons s’intéressant au vécu et aux conditions sanitaires en prison.
« Dans un contexte où le VIH est particulièrement tabou parmi les détenus, et le personnel de surveillance peu sensibilisé à cette question, l’entrée en prison peut amener certaines personnes vivant avec le VIH à interrompre la prise de leur traitement. Pour pallier l’absence de prise en compte de ces populations par les pouvoirs publics, Sidaction a créé en 2005 une mission spécifique sur la prison. Nous avons depuis favorisé et accompagné la réalisation d’actions de promotion de la santé, de prévention et d’accompagnement par des associations. »
Françoise Barré-Sinoussi, présidente de Sidaction, lauréate du prix Nobel de médecine 2008.
Cet ouvrage est un outil de plaidoyer qui nous communique une diversité de données factuelles et chiffrées en s’attelant à proposer pour chaque thème des visions en 3 parties : « En théorie », « En pratique », « Recommandations ». Une grande partie est dédiée aux minorités en prison (femmes, mineurs, personnes étrangères, personnes trans) afin d’identifier au mieux les problématiques liées aux personnes cumulant les vulnérabilités. L’ensemble des textes, très accessibles, est le fruit d’un travail d’échanges de plus de 20 associations et structures sanitaires rassemblées au sein du « groupe expert prison » de Sidaction.
Jihane El Meddeb
Ci-après quelques extraits tirés du chapitre « USAGE DE DROGUE EN PRISON », l’une des priorités identifiées par le groupe expert.

En théorie : « Initiée en 1987 avec l’épidémie du VIH (…), la politique de « réduction des risques » préconisait des mesures comme les programmes d’échanges des seringues (PES), les traitements de substitutions aux opiacés (TSO), la prévention ou le dépistage du VIH. Ces mesures ont fait la preuve de leur efficacité : amélioration de la situation sanitaire (chute de l’incidence et de la prévalence du VIH chez les usagers de drogue par voie injectable) et de leur situation sociale (…)
Les personnes détenues ayant le droit de bénéficier de soins équivalents à l’ensemble de la population, la politique de RDRd doit s’étendre aussi aux prisons comme le réaffirme la loi en 2016.
(…) Les personnes détenues font partie de la population générale ; ils en sont issus, et y retournent. Protéger les personnes détenues, c’est protéger la population toute entière » (p.37)
En pratique : « 73% des personnes détenues déclarent au moins une pratique addictive en prison ; VIH et hépatites 7 fois plus nombreux que dans la population générale (…) » (p.39)
« Les Programmes d’Echanges de Seringue (PES) n’existent pas dans les prisons françaises (…) » (p.40)
Le constat dans les pays ayant mis en place des PES en milieu carcéral est pourtant très positif : « Réduction de l’exposition au risque et prévention de la transmission / Pas d’usage des seringues en tant qu’arme et recyclage sans danger des seringues usagées / Pas d’augmentation de l’usage de drogue ou l’injection auprès des non-injecteurs / Diminution de la violence dans la plupart des prisons (…) » (p.40)