Dans le département des Bouches-du-Rhône, particulièrement touché par la délinquance et la précarité, il existe un dispositif innovant permettant à des personnes incarcérées d’accéder directement à un logement à la sortie de détention et d’y être soutenues par une équipe de travailleurs sociaux. Il s’agit là d’un outil qui répond à un réel besoin en termes de prévention de la récidive et de réinsertion sociale.
Cette action s’appuie sur un partenariat entre le service d’Accompagnement Vers et Dans le Logement pour les Personnes Placées Sous Main de Justice (AVDL PPSMJ) de l’association OEuvre des Prisons et deux opérateurs (GALILE et SOLIHA) d’intermédiation locative (IML). La collaboration de ces acteurs fait la force de ce dispositif. Un lien étroit avec les Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation est également de rigueur.
L’Etat, à travers la DRDJSCS, finance les deux postes de travailleurs sociaux du service AVDL PPSMJ et 24 mesures d’IML (captation, vacance, gestion locative et accompagnement social lié au logement). Le coût des loyers et charges afférentes aux logements est assumé par les personnes elles-mêmes.
En effet, l’accès à un logement nécessite d’avoir des ressources stables. Ainsi, plus de la moitié des personnes accompagnées sont bénéficiaires de l’Allocation Adulte Handicapé (AAH), avec les problèmes de santé que cela suppose. Grâce à une subvention de la Fondation de France, obtenue en 2016 dans le cadre de l’appel à projet « Prisons », le service AVDL PPSMJ avait pu se doter d’un Infirmier Diplômé d’Etat à mi-temps et ce, durant 18 mois. Cela a permis d’éviter les ruptures dans le parcours de soins de personnes détenues.
Malheureusement, faute de financement pérenne, ce poste a dû être supprimé en juillet 2017. Par conséquent, les actions déjà entreprises et celles en cours de développement avaient été interrompues. La perte de ce professionnel de la santé a eu des conséquences négatives, tant sur le plan de la qualité de l’accompagnement proposé qu’en termes de restriction d’accès au dispositif, alors fermé aux personnes les plus fragiles sur le plan sanitaire. Heureusement, cet été 2018, l’ARS (Agence Régionale de la Santé) a répondu favorablement à la demande de financement pour le recrutement d’un infirmier à mi-temps.
Les personnes impliquées dans cette entreprise ont conscience de l’intérêt qu’il y a, tant d’un point de vue sociétal, éthique, qu’économique, à investir dans de tels dispositifs. Néanmoins, après avoir identifié des facteurs d’inégalité sociale et de santé, développé des outils permettant de les réduire et mobilisé des acteurs motivés et impliqués dans cette mission, la réalité constatée nous amène à réaffirmer que la seule volonté des professionnels de terrain ne suffit pas à faire vivre un tel projet, des appuis politiques et financiers sont également indispensables. Sans une implication collective mais également une certaine stabilité de financement, notre mission ne peut pas être assurée. Nous remercions donc tous ceux qui démontrent concrètement en être convaincus et tendons à trouver davantage de soutien en ce sens.
L’équipe AVDL PPSMJ