Salle de conso : focus Europe

Les salles de consommation à moindre risque (SCMR) offrent la possibilité d’utiliser des drogues légales ou illégales sous forme d’injection ou fumées dans un environnement hygiénique, sans stress et en sécurité.
Elles fournissent tout l’équipement d’injection aux usagers de drogues
et son personnel peut les conseiller avant, pendant ou après l’injection.
Une équipe formée peut intervenir à tout moment en cas d’overdose, de
malaise, ou de « mauvais trip ».
A noter, depuis l’ouverture de la première salle en 1986, aucune
overdose mortelle dans une salle de conso n’est à déclarer. Selon le type
de SCMR, on y propose un accès à des soins médicaux, à des traitements
de substitution ou à des services sociaux. Trois types de salles de
consommation existent : les salles classiques, les unités mobiles (comme
à Berlin ou Barcelone) et les salles avec des services intégrés, comme par
exemple des places d’hébergement (voir SCMR Strasbourg). Actuellement, on compte une centaine de SCMR en Europe contre une dizaine dans le reste du monde.
C’est en 1986 qu’a ouvert la première salle de consommation en Suisse,
à Berne. A l’époque, beaucoup de produits circulent dans le pays et le
virus du sida (VIH) fait de plus en plus de victimes. Les politiques se mettent donc d’accord pour trouver une solution pragmatique : un endroit où les usagers peuvent consommer sans échanger leurs seringues et où la police n’intervient pas, sauf en cas de deal, c’est le premier «centre d’injection».
Après plus de 30 ans de fonctionnement, le succès est indéniable : baisse des décès par overdose, des nouvelles contaminations dues au VIH et de la criminalité liée à la drogue ; augmentation du nombre de personnes sous traitement de substitution aux opiacés. Depuis, il y a plus d’une dizaine de centres d’injection qui ont ouvert un peu partout en Suisse.
C’est la salle d’Amsterdam qui sera la deuxième à ouvrir dans le monde en 1990 puis Berlin en 1994 et Barcelone en 2000. Aujourd’hui, les Pays-Bas ont 37 salles de consommation sur leur territoire, l’Allemagne 25 et l’Espagne 14.
Ces pays ont choisi très tôt une politique de santé tournée vers les usagers de drogues, intégrant la réduction des risques dans ses principes. Ils ont également eu des résultats spectaculaires en termes d’amélioration de la santé des usagers. Selon ces politiques de réduction des risques, la consommation de produits stupéfiants relève du domaine de la Santé publique et non de la criminalité : on y privilégie l’accompagnement plutôt que la sanction.
Selon l’IDPC (International Drug Policy Consortium), le virus du sida était détecté aux Pays Bas chez 8,6% chez les usagers injectables en 1986 et avait quasiment disparu en 2000.
Depuis les années 2000 et dans l’ordre du plus ancien au plus récent, l’Australie, le Canada, la Norvège, le Luxembourg, le Danemark et enfin la France ont ouvert une ou des salles de consommation (mais peu). La Belgique vient depuis quelques mois d’ouvrir également sa toute première SCMR à Lièges, après s’être confrontée à une loi obsolète datant de 1921, condamnant la mise à disposition d’un local à but de « faciliter l’usage », loi initiée pour interdire les « fumeries d’opium ».
Avec 180 inscrits dès son ouverture, Lièges se concerte déjà pour une deuxième SCMR. Le Portugal et l’Irlande sont en train d’en ouvrir dans leurs capitales. Chaque ouverture est négociée localement avec les politiques, les riverains et la police.

Susanne Thill
et Laélia Briand-Madrid