Poèmes N°11

Des fois il fait trop nuit, mais là il fait trop jour.
Et j’adore cette lumière.
C’est une lumière de comme quand j’étais petit.
C’est une lumière qui rend heureux.

Quand la lumière s’éteint, mes yeux s’ouvrent :

La solitude m’a traumatisé.
Le monde est trop grand pour moi.
L’univers me dit : non.
Je ne suis pas fait pour être vivant.

Je suis Dionysos, dans le corps d’un malade vieillissant et seul. Puni d’aimer la vie. De vouloir le rêve dans la réalité dans un monde d’humains qui ne le veulent pas.
Un suicide collectif des soi-même, tous les jours.
Lu sur un mur (dehors ou dans ma tête ?) : « J’ai besoin de nous ».

Mathias Richard


Thème : le sol est sale éconduit par manque de conduite, lâché par lâcheté, délaissé et blessé par ses méfaits. Décontenancé, le corps tremblant d’effroi l’a éveillé comme à chaque fois par la soif. Il ouvre une bière, jette le décapsuleur et range la capsule au tiroir, enclin au désespoir. La douche évitée par manque de volonté, enfile ses frusques portées depuis des lustres. Sur ses joues les larmes coulent. Seul un rayon de soleil perce entre les rideaux, laissant apercevoir poussière crasse et désordre. La flamme vacille autour de sa cigarette allumée avec peine et se dit. Voilà une semaine qu’elle est partie. Puis frottant ses semelles sur le lino d’un va et vient incessant, lui rappelait les coups portés sans retenues, cris, pleurs, plaintes des chambrées voisines. Se grattant les démangeaisons des piqures nocturnes, il remarqua sa déchéance sur ce sol si sale que s’en était affligeant. Il repartit dans l’oubli tout au fond de son lit.

Stéphane Leulliette


A la cool

L’alcool me fait bourgeonner le courage,
Aiguise mon esprit et ma plume de poète,
Mais il nargue le sort (pouët pouët !) avec rage…

Il aide à tuer mon temps
Et à suer du sang vert de gris,
Sans buée sur mon verre de blanc
Mais il fait chier des chants de pirates alourdis.

L’alcool me rend fier de l’enfant
En moi qui joue aux gens,
Il m’aide à louer de lents frissons
Mais il me fait muer les mensonges,
En mirages.

Comme une nuée de « nan »
L’alcool fait puer les pans de murs
Le lendemain de danses éhontées,
Sans mot des rations oubliées,
En me ruant sur les remparts
Voués aux vents des voix trop fortes
A cause des tympans assourdis.

L’alcool est le troublant
Trou noir, inexistant au pire,
Dans ma voûte céleste étiolée…
Mais à quoi sert la soirée
Si on ne peut s’en souvenir ?

Thomas Beaugé

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