
En 2010, une expertise collective menée par l’Inserm concernant les stratégies de RDR chez les usagers de drogues préconisait l’expérimentation des SCMR en se basant sur les expériences internationales.
Ainsi, la loi de modernisation du système de santé du 26 Janvier 2016 a permis de mettre en œuvre l’expérimentation des SCMR en France. Depuis, une salle a ouvert ses portes à Paris en Octobre 2016 suivie d’une deuxième à Strasbourg en Novembre 2016.
Une période d’expérimentation de six ans a été fixée, au cours de laquelle une évaluation scientifique sera menée. Dans le cadre de cette évaluation, la cohorte COSINUS a été construite sous la responsabilité d’un consortium de recherche.
Cette cohorte a pour objectif de suivre et de recueillir des données auprès de personnes qui injectent des drogues dans les villes de Bordeaux, Marseille, Paris et Strasbourg. Dans les villes où une SCMR est présente, les données recueillies permettront d’évaluer leur impact.
A Marseille, 199 participants ont été recrutés et seront suivis 12 mois au cours desquels ils répondront à 4 questionnaires. Le premier questionnaire a eu lieu au moment de l’inclusion dans l’étude et permet de dresser un état des lieux des profils, pratiques et besoins des personnes qui injectent des drogues à Marseille.
Concernant les caractéristiques sociodémographiques, 80% des participants sont des hommes et la moyenne d’âge est de 40 ans. La majorité d’entre eux est en situation précaire ou très précaire vis-à-vis du logement (58%) et n’ont pas d’activité professionnelle (78%).
Vis-à-vis des pratiques de consommation, 34% d’entre eux déclarent s’injecter dans la rue ou dans un lieu public et 5% dans un lieu privé dans
l’espace public (camion, tente, etc.).
Près de la moitié des participants déclare réutiliser son matériel (47%) et
respectivement 11% et 9% utilisent le matériel d’une autre personne et prêtent leur matériel. La majorité des participants déclare jeter son
matériel d’injection dans une poubelle ou un lieu public (58%) et 48% ont déclaré s’être injectés de manière rapide par crainte d’être vus.
Concernant les problèmes de santé, 47% ont déjà fait une overdose au cours de leur vie et 14% au cours des six derniers mois. Le VIH et l’hépatite C touchent respectivement 6% et 27% des participants.
Des questions concernant les SCMR ont également été posées aux participants. Ainsi, 92% des participants avaient déjà entendu parler des SCMR et 62% se déclaraient intéressés par ce dispositif.
L’étude COSINUS permet donc de dresser un état des lieux à Marseille et montre l’intérêt potentiel que pourrait avoir l’ouverture d’une SCMR sur les risques sanitaires et légaux encourus par les personnes qui injectent des drogues ainsi que sur l’injection dans l’espace public et la gestion du matériel usagé.
L’équipe COSINUS de Marseille
