Du mercredi 15 décembre 2021 au lundi 2 mai 2022, l’exposition « VIH/sida, l’épidémie n’est pas finie ! » retrace au MUCEM, musée national de Marseille, l’histoire sociale et politique du sida.
Plonger dans l’exposition, ce serait parler de l’arrivée dans le 1er espace, des cartes du monde qui donnent envie de regarder et lire. Ce serait aussi parler des témoignages vidéo qui donnent du temps à la parole.

Le parcours mêle militantismes, partages de vécus, informations. De l’intime à la froideur des stigmatisations et des peurs face à l’apparition du SIDA, ce sont diverses époques qui sont données à voir, lire et analyser que ce soit en termes de considération des personnes séropositives qu’en termes de traitement des connaissances par les médias, les politiques. Les prismes sont multiples là où la parole est donnée à ceux et celles qui ont affronté de plein fouet le début de « l’épidémie » VIH et se sont impliqués pour ouvrir les esprits, instaurer des organes de représentation auto-support, des outils concrets de RDRD1, créer des associations.

Au fil de l’exposition, des murs et installations sont aussi dédiés à des informations géographiques, chronologiques, chiffrées. Ces informations graphiques et écrites participent, de façon très accessible, à accompagner les sujets abordés. Certaines œuvres collectives ainsi que des témoignages, outils de communication et de prévention proviennent de « l’hémisphère Sud » et ouvre l’envie d’en voir plus et d’en entendre plus. Dans le journal lié à l’exposition sont rassemblés des témoignages de personnes aux parcours militants.

Romain Mbiribindi, directeur d’Afrique Avenir, et faisant partie des fondateurs de l’association en 1992 y précise que 30 à 40 % des personnes de leurs « publics » actuels qui effectuent un TROD VIH n’ont pas de couverture santé. Il insiste sur la nécessité d’aller vers à différents niveaux, qu’il s’agisse d’échanger et/ou de diffuser des messages et brochures de prévention dans des lieux publics, festifs, liés aux solidarités, à la culture ou de faire circuler les messages via des représentants qui entrent « dans toutes les maisons » comme Mandela, Obama.

Briser les tabous et solitudes qui accompagnent la séropositivité sont des enjeux majeurs, pour un « mieux vivre » des personnes concernées mais aussi afin d’en motiver d’autres à se tester pour savoir. Connaître son statut, c’est pouvoir agir en conscience, c’est se soigner tôt. Pour beaucoup aller se faire dépister reste encore honteux aujourd’hui. Colle à la peau du VIH la sexualité, tabou en elle-même un peu partout dans le monde. La violence des mots utilisés pour qualifier le VIH par certains médias, partis politiques et reprise par une partie de la société civile dans les années 80 et 90 a contribué à amplifier les stigmatisations des personnes homosexuelles, transgenres, concernées par le travail du sexe, usagères de drogues…

Du décryptage de la circulation du VIH dans le monde, à l’existence de la trithérapie en passant par l’inscription des luttes liées aux contextes des époques traversées, il a toujours été au cœur des luttes de ne pas perdre de vue le vécu de chacun pour que la réalité humaine et individuelle de la maladie ne soit pas écrasée par des chiffres, traitements et découvertes scientifiques.
Giovanna Rincon, directrice de l’association Acceptess-T2, cofondée en 2010 avec d’autres femmes Trans, concernées par le travail du sexe et le VIH y raconte en quoi les précarités et d’autres facteurs amplifient la transphobie.
Comment se rendre visible quand tant de personnes vous montrent du doigt ? Le courage à trouver demande de la ressource. Souvent être en nombre sur les chemins des luttes ardues donne de la force et permet d’être entendus.

Membre du conseil d’administration de Sidaction et du groupe d’interface national des COREVIH, Giovanna Rincon sait en quoi il est nécessaire de sortir des silences, d’intégrer des instances, associations, commissions pour faire bouger les représentations, les lois et multiplier les actions de terrain plus particulièrement auprès de personnes isolées, cumulant les stigmates.
En 2010 c’était la 1ère fois que Giovanna Rincon participait à la marche mondiale pour la lutte contre le SIDA à Paris en ayant révélé sa séropositivité. Aujourd’hui, avec les membres d’Acceptess-T, ont été créés des pôles d’actions. Les équipes réalisent des TROD VIH et VHC, des tests concernant la Syphilis, accompagnent les personnes Trans dans l’accès au droit et au soin.
Texte et photos Jihane El Meddeb
1Réduction des Risques et Dommages
2 Acceptess-T : Association d’aide aux personnes Trans vulnérables.
