Le point sur l’hépatite C

L’hépatite C est une maladie du foie causée par le virus de l’hépatite C, découvert en 1989. Il s’attaque aux cellules du foie et entraine son inflammation.

Dans le monde, 71 millions de personnes sont porteuses de l’hépatite C, elle tue environ 400 000 personnes par an. En France, 367 000 personnes sont porteuses de ce virus, soit 0.8% de la population. La population la plus touchée est celle des personnes qui injectent des drogues : elles sont plus d’une sur deux% à être atteintes.

Les 6 premiers mois suivant l’épisode de contamination par le virus représente la phase aiguë. Durant cette période, la plupart des individus infectés ne ressentiront aucun symptôme. Un peu moins d’un quart parviendront à se débarrasser naturellement du virus. Cependant, ils ne seront pas immunisés contre le virus. Une personne qui a déjà eu l’hépatite C et qui en a guéri peut être réinfectée si elle est exposée à nouveau au virus.

Après 6 mois d’infection et s’il n’y a pas eu de guérison naturelle, commence la phase chronique pendant laquelle la maladie progresse très lentement, souvent sur une période de 20 à 30 ans. En France, on estime que 230 000 personnes sont en phase d’hépatite C chronique. Le virus peut demeurer des dizaines d’années dans l’organisme sans aucun symptôme apparent. C’est seulement dans 10 % des cas que la personne présente des symptômes : fatigue, baisse d’appétit, nausées, vomissements, peau jaunâtre (jaunisse ou ictère) et des urines plus foncées. Au fil du temps, le virus détruit les cellules saines du foie, de sorte que celles-ci sont remplacées par du tissu cicatriciel. Cela se produit au cours d’un processus appelé fibrose. À long terme, il peut y avoir des conséquences très graves, telles que la cirrhose (où le tissu cicatriciel s’étend à d’autres parties du foie jusqu’à ce qu’il envahisse presque l’organe entier) et dans certains cas, le cancer du foie appelé aussi hépatocarcinome.

Le virus de l’hépatite C se transmet par le contact direct du sang d’une personne infectée avec le sang d’une autre personne ou par voie materno-fœtale (risque faible). Une infime quantité de sang peut suffire à transmettre le virus qui peut demeurer vivant plusieurs jours à l’air libre. C’est le partage de matériel servant à la consommation de drogues qui est le premier facteur de transmission du virus : les seringues et le petit matériel servant à une préparation qui va être injectée transmettent le virus s’il y a partage, tout comme les pailles de sniff ou les pipes à crack puisque le nez ou les lèvres peuvent être des zones de saignements. La transmission sexuelle de l’hépatite C n’est pas courante mais le risque augmente lors de pratiques sexuelles « hard » et à cause d’autres facteurs tels que les relations sexuelles anales sans préservatif, le VIH, les infections transmissibles sexuellement, le sexe en groupe. La pratique du piercing et des tatouages sans précautions d’hygiène peuvent également être à l’origine de transmission du virus, comme l’utilisation de matériel d’hygiène personnelle usagé (brosses à dents, rasoirs…).

L’infection par l’hépatite C due aux transfusions de sang ou de produits sanguins ne se produit plus dans les pays développés grâce aux dépistages et aux contrôles des dons de sang. L’hépatite C peut également être transmise par l’utilisation de matériel médical non stérilisé.

Les personnes considérées à risque sont les suivantes :

  • consommateurs au moins une fois dans leur vie des drogues par voie intraveineuse (quelle  que  soit  la  date  de consommation) ;
  • personnes qui ont reçu un organe, une greffe ou qui ont été transfusées avant 1992 (date à la laquelle le virus a commencé à être recherché dans les transfusions) ;
  • enfants nés de mère séropositive pour le VHC ;
  • patients hémodialysés ;
  • personnes séropositives pour le VIH.

Pour dépister l’hépatite C, il faut généralement passer deux tests de sang :

  • le premier test (test de dépistage des anticorps) vérifie si vous êtes déjà entré en contact avec le virus dans votre vie, il existe des tests rapides (des TROD) qui donnent le résultat en 30 min avec une simple goutte de sang ;
  • le deuxième test (test PCR ou test de recherche de l’ARN) permet de voir si vous êtes infecté par l’hépatite C en ce moment.

Des traitements contre l’hépatite C existent depuis les années 1990 mais une révolution a eu lieu en 2014 avec l’arrivée des antiviraux à action directe (AAD). Avant ces nouveaux médicaments, le traitement consistait en une combinaison de ribavirine et d’interféron (sous forme d’injections sous-cutanées hebdomadaires), il durait entre 24 et 48 semaines et guérissait environ 50% des patients avec des effets secondaires majeurs. Aujourd’hui avec les AAD, 95% des patients guérissent, en 8 à 12 semaines, et avec très peu d’effets secondaires. Jusqu’en mai dernier ce traitement n’était prescrit que par certains spécialistes mais il a enfin été ouvert à la prescription à tous les médecins, dont les médecins généralistes. Les médicaments autorisés sont des combinaisons sofosbuvir avec velpatasvir (Epclusa®) ou glécaprévir avec pibrentasvir (Maviret®).

Même si les médecins ne pourront pas prescrire à tous leurs patients car il y a quelques restrictions (co-infections, comorbidités ou risque de réinfection), cette initiative devrait permettre de traiter un grand nombre de patients et probablement plus tôt. L’hépatite C est une maladie infectieuse évitable (on sait la soigner) qui cause 2700 décès chaque année en France. Près d’une personne sur deux ne connait pas son statut, alors n’hésitez pas à demander un dépistage au CAARUD qui vous suit, à votre médecin ou à vous rendre dans un centre de dépistage gratuit !

Laélia Briand Madrid, ingénieure d’étude Inserm, SESSTIM

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