Le journal du Lancet HIV, dans son éditorial de juillet 2021 (www.thelancet.com), relance une bien triste réalité. La guerre aux drogues court toujours ainsi que son lot de conséquences dramatiques pour les personnes consommatrices. Cette guerre vient de fêter ses 50 ans puisque le 18 juin 1971 le président Nixon déclarait que l’usage de drogues était l’ennemi public numéro 1 des Etats-Unis. Tout en mentionnant « la réhabilitation, la recherche, et l’éducation », cette guerre s’est construite sur des moyens militaires et une répression sévère. L’article fait le constat que ces 5 décennies ont coûté cher au pays, socialement et économiquement. Les plus vulnérables en ont payé le plus lourd tribut et la consommation n’a cessé d’augmenter avec, en 2019, 13% d’Américains de plus de 12 ans qui déclaraient avoir consommé une drogue illicite au cours du dernier mois. La même année vit 70 630 décès liés aux overdoses dont plus de la moitié impliquaient des opiacés.
Les auteurs nous rappellent que l’épidémie de VIH est venue cristalliser l’inefficacité et les effets pervers de cette approche répressive. Si l’objectif de fin de l’épidémie VIH en 2030 doit être atteint, répondre aux besoins des personnes qui injectent des drogues doit être au cœur des actions proposées. Pour l’heure, les effets de cette guerre continuent de produire stigmatisation et criminalisation, phénomènes qui favorisent pratiques à risque et transmission du VIH. Alors que les outils de réduction des risques, et notamment des risques infectieux, sont bien connus de tous, programmes échange de seringues, traitements de substitution et services de réduction des risques adaptés, ils sont encore trop peu ou mal répartis sur le territoire américain. Des espoirs sont possibles avec le nouveau gouvernement de Joe Biden mais du chemin reste à parcourir.
Perrine Roux