L’« hétérotopie » est un concept développé par Michel Foucault (philosophe français du XXème siècle) qui désigne un « lieu autre », un espace défini destiné à accueillir un type précis d’activités au sein de la société selon des règles autres, qui lui sont propres, un lieu bien concret qui héberge un espace imaginaire, une utopie rendue physique, géographiquement localisable, comme le serait par exemple une cabane d’enfants.
Inspirée de ce concept, la Cabane Métamentale de Libertatia (construite par ses habitants) désigne un espace « hétérotopique », où le temps est suspendu. Au travers d’entretiens psycho-magiques et émancipateurs, cette Cabane devient un espace de soins et de protection qui permet de libérer une parole intime, souvent cachée, et qui ne demande qu’à sortir. Encore une pépite du « 102ème département », avec Magdi Rejichi de la Cie Peanuts et l’Embobineuse.
(Cf. le teaser : https://vimeo.com/275237819).
A l’occasion de l’événement de sortie du 4ème numéro de SaNg d’EnCRe en juin dernier, l’exposition interactive BIG-MÉTA* proposait de découvrir une méta-sélection de quelques-uns de ces méta-entretiens : sorte d’œuvre cumulative, centre d’archives éphémère des « extimités » (par opposition à « intimités ») éprouvées dans la Cabane Métamentale.
De petites boîtes, composées des mêmes matériaux de récupération que ceux utilisés pour la Cabane Métamentale (carton, bois, boîtes d’œufs) ont au préalable été construites et équipées de mini-dispositifs de diffusion sonore : on y glisse la tête, pour y écouter une parole, une pensée, aussi fragile qu’un œuf. Une dimension chorégraphique découle alors de ce dispositif de mise en écoute, qui questionne la notion d’identité et d’anonymat en réactivant le désir d’ouverture pour l’autre.
La scénographie de l’exposition BIG-MÉTA a été envisagée de manière collaborative : chaque boîte est suspendue et installée dans l’espace à un emplacement précis. Le public est invité à déambuler et à écouter : s’opère alors un jeu subtil entre l’auditeur et la petite voix dans la boîte, une confusion éphémère entre la chair et l’esprit… on prête son corps pour entendre et être vu.
En remettant en perspective, dans l’espace, ces « intimités/extimités » partagées, l’idée était d’opérer un contre-archivage poétique de données : au big data de l’industrie culturelle, fossoyeur de nos rêves, Libertatia a opposé le « big méta » comme révélateur de la singularité des songes qui nous peuplent.
+ d’infos sur la Cabane Métamentale :
http://www.compagnie-peanuts.com/la-cabane-metamentale/
+ d’infos sur Libertatia :
http://www.compagnie-peanuts.com/le-102-eme-departement/
* Méta est un préfixe qui provient du grec μετά (meta) (après, au-delà de, avec). Il exprime le changement, la succession, le fait d’aller au-delà, à côté de, entre ou avec. En philosophie et dans les sciences humaines, c’est « ce qui dépasse, englobe » (un objet, une science), pour désigner un niveau d’abstraction supérieur.
crédit Jérôme Fino crédit Cie Peanuts crédit Jérôme Fino