Yulaï – Mon cinéma / Jalons alternatifs

Mon Cinéma

Moi et moi seule déformant la réalité je fais mon cinéma.
Toute petite les retours étaient « Mais quelle comédienne ! Arrête ton cinoche ! » 
Pourtant pleine d’innocence je ne faisais qu’interagir avec mes perceptions très sensibles et le regard de l’autre, seulement déjà un prisme se formait. 
Ce qui est intéressant c’est qu’il est avéré que les personnes bipolaires prennent les réalités sans aucun filtre ; je ne dis pas qu’elles n’ont pas de recul ou de second degré, je dis simplement que tout est violent et transperçant. C’est là que la réponse est parfois inadaptée pourtant si juste en accord avec ce que l’on ressent. 
Ce sentiment d’entièreté, d’unicité, comme si ce que l’on donnait à l’autre était le reflet parfait de notre production intellectuelle mais en réalité spirituelle. Je vais éclaircir : les Bipolaires souffrent de nombreux et divers troubles cognitifs. Nous pleurons nos cognitions, elles sont altérées elles sont sabotées et tout ce que je perçois je le prends de plein fouet et je l’extrapole. 
COGNITIONS : ensembles des processus par lequel un organisme acquiert la conscience des événements et objets de son environnement.
En définitive il est tellement difficile en temps normal de communiquer, alors en périodes critiques c’est mission impossible.
Je me dis alors que j’ai toute une équipe dans ma tête mal régie avec un réalisateur perché, un script et un producteur vicieux aux commandes.
Je fais mon cinéma et c’est plus souvent surréaliste que documenté, je ne nie pas les faits je les amplifie malgré moi. Je peux leur donner une couleur rose fluo comme les teinter de tragédie selon mon état et en toute légitimité !
Le cœur tantôt bouton sous la rosée tantôt fané … 

Jalons alternatifs

Comme je l’ai récemment entendu, mon « être bipolaire » (je préfère souffrir de troubles de l’humeur) n’est pas nouveau. La maniaco-depression est déjà observée à l’Antiquité où on parle de bile noire et de bile blanche. Sans oublier également qu’une personne souffrant de ces troubles ne sera jamais « guérie », on parle de stabilisation mais personnellement je dois chaque jour être plus vigilante. 
Dernièrement il m’a fallu trois semaines d’insomnie pour me rendre compte de mon « ascension » en hypomanie et pourtant je connais mon adversaire, je connais ses feintes insidieuses, j’ai déjà baroudé sur les chemins tumultueux de la cyclothymie. Alors pourquoi un tel délai de réaction et de réflexion ? Parce que je suis ralentie. Je suis lente, un vrai diesel à la concentration, et l’on peut incriminer le traitement.
Les médicaments : contrainte salutaire, habitude si peu engageante mais nécessaire, s’accoutumer aux effets secondaires pour accepter et apprécier les évolutions et la stabilité. Seulement aujourd’hui j’ai envie de vous parler de ce que l’on peut mettre en place à côté du traitement pour étayer.

Le yoga, le pranayama et la méditation
Tout d’abord j’aimerais rappeler qu’au plus noir de ma situation la foi en quelque chose de supérieur, en un élan de compassion universel, m’a soutenue et m’a beaucoup aidée à voir plus clair. J’ai découvert la méditation au milieu de l’adolescence et cela m’a permis d’écumer de la confiance, du bien-être et de la lucidité. De nos jours il est très recommandé et très « en vue » de pratiquer la méditation, à l’époque je me suis donc munie d’un bon bâton de berger pour avancer.
Les exercices de respiration (pranayama) sont venus à moi plus tard par la pratique de la sophrologie. Désamorcer les angoisses, les paniques, réduire l’impact des tensions corporelles, accueillir les émotions, la respiration profonde et contrôlée ouvrent des possibilités inattendues. 
La pratique des Asanas (Yoga) ou toute autre activité corporelle ou physique (pour moi également le taï-chi-chuan) permettant et cherchant à équilibrer les énergies est à privilégier quand soi-même on souffre de déséquilibre profond et chronique.    
   
L’ancrage positif
Méthode pour démultiplier les moments de petits bonheurs et désenclencher les schémas de souffrances qui répondent aux situations de grand stress, à pratiquer le plus fréquemment possible ; pour cela, lors d’un moment de pur plaisir, satisfaction, bonheur, associer un mot, une image ou un geste. Si je me retrouve face à une situation déplaisante, anxiogène, et stressante je reproduis le geste afin de me replonger dans un état suggéré de béatitude. Cela demande beaucoup d’exercice mais il est prouvé que ça fonctionne.

Changement de dialogue intérieur 
La mauvaise estime de soi et les ruminations nous entravent et nous maintiennent dans un état de victime alors que si je me répète tous les jours que je mérite d’être heureuse car je suis forte et intelligente, j’informe mon esprit et je l’imprime de positivisme. Ce n’est pas présomptueux mais essentiel pour se supporter et s’aimer tel que l’on est (naît).

Les ateliers thérapeutiques de développement personnel 
Certaines structures hospitalières proposent ce genre d’atelier ou de groupe de travail, ainsi j’ai pu pratiquer l’art thérapie, l’estime de soi et l’affirmation de soi… etc… Le travail en groupe ou accompagné apporte un cadre auquel on se plie volontiers grâce à la motivation. Tout le monde n’en tire pas avantage mais cela permet de se fixer des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et temporaires et ainsi de rester proche de la réalité.

Il n’est pas si compliqué d’avaler un cachet à heures régulières même si c’est en quelque sorte un geste avilissant, cependant il est beaucoup plus méritant et enrichissant d’être dans l’action et l’efficacité, la méthodologie et le travail sur soi.

Yulaï

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