Comme la lune

Ici, la porte ne chuinte que lorsqu’elle se referme. Mis à part la grosse Marilou, les clients avachis sur des tabourets ne sont que des hommes.

Leurs regards se perdent dans le vide, loin au fond de leurs verres. Mines tristes d’astronautes recalés au tirage au sort à la grande kermesse des étoiles.

Le nez accidenté, cratères, paysages lunaires, ils s’imaginent ailleurs, les larmes en orbites.

Mais le monde leur colle aux basques et ils ratent chaque décollage, même s’ils décrochent à chaque tentative.

Ils observent les astres dont le reflet baigne dans des flaques de pisse, de sueur, et de larmes.

La grosse Marilou recommande un verre et hoche tristement de la tête. Elle rit dans un éclat de verre brisé à l’attention des Gagarine de comptoir, et porte le verre à ses lèvres ; vaut mieux ça que de pleurer.

Dans ses yeux les étoiles, et ils ne les voient même pas.

Pierrick Starsky

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