Ce geste

Ma lésion étrangère se soigne mal. Ce geste de soleil se joue de mes états d’âmes, états d’lames, regarde mes clés se sont perdues cette nuit. J’étais juste sorti dans la rue là où j’habite, là où déborde ma boite aux lèpres remplie de vos déchets digérés, délaissés. Tu n’as pas vu l’étiquette « pas de pub, je suis en sursis » ? En faisant des plans sur la sonnette, je défonce une porte de béton, de trottoir à sermon, de liquide imbuvable qui ressemble à de l’eau, entrainant mes deux yeux noyés de larmes. J’entre dans ma maison-poubelle, muraille de cité qui m’a vomi il y a des années. Mon avis d’impossession se résume au patrimoine qui entoure ma taille de ce geste. Ma bite : une boussole désarticulée qui pointe toujours au Sud. Mon crâne : une camisole, y sont cloués mes neuroleptiques par piqûres ou cachets administrés de force, d’une force qui manque par moments pour m’élever de poèmes. Et si je vais chier caché – même si souvent la cache se trouve sur moi-même –, je pisse absolument partout, sur tout, sur toi fille légère et l’ivresse me fait honte. Me fait penser à mon cumulus d’alcool comme à ton sexe, à ses heures creuses heures pleines et j’en gerbe. Ce geste qui ne me gouverne ni ne me soumet, qui ne m’écrase dans mes rêves et mes fertilités de famille, je l’aime. Entendre la pauvreté huée : voilà une passion qui me colle dans les poumons ! La banque alimentaire nourrit les idées d’irréel, elle rassasie les mots bras-cassés et mal-aimés, perclus. Car les politiques-à-chien rédigeant nos textes muselés se plient à ce chant épris, redouté. Qui rebutera dans leurs gorges étouffées à la canette 8.6 de ce geste. A qui la faute ? Aurai-je la peau du boulanger, du cravaté ? De la postière, du syndicat ? Du travail social draguant ma civilité ? De l’instit, de mes frères et sœurs violés futurs ? A moi-même le premier, puisque c’est pour ça que j’en suis là et regretter c’est caner d’immoralité le cul à l’air. Tous responsables, à un moment donné faut s’y filer et éclater les bouches de ceux qui l’ont bien fourrée. J’invoque l’anarchie accrochée à mes caniveaux d’étoiles, sur le noir des malédictions durement passées, sur le noir de ce geste où je baiserai serein ma putain d’humanité. Je bade la braguette ouverte pour que mon oiseau de crasse détalle et se pose sur votre cul. Qu’il dépose des plumes d’amour et d’or que je ne saurais quémander à votre bon cœur, dont je me fous à l’unanimité, et si pour vous maintenant je suis décédé : soulevez la jupe de ma mémoire, baissez sa culotte âcre et faufilant vos doigts maudits jusqu’au sommeil ultime, que ce geste de liberté le porte en légèreté dans la poitrine de la Vérité. Et qu’explose en ses seins ce monde qui ne m’a jamais allaité.
Germain (Nicolas Ordener)

%d blogueurs aiment cette page :