Nous sommes fin avril 2005 :
Super, il est 17h, je sors d’Autres Regards pour vite aller faire quelques courses et préparer à ma chérie un bon repas, une bonne surprise. Je cours vite chercher de quoi préparer une bonne soupe de légumes, je sais qu’elle aime ça. Je passe sur le marché à Noailles, j’achète quelques légumes et je me précipite chez moi rue Jean Roque.
Je suis en train d’éplucher les légumes, lorsque j’entends des petits cailloux tomber derrière moi. Je regarde, et je constate que les fenêtres sont ouvertes. Je pense que ce sont des enfants qui lancent des pierres, et je continue à éplucher mes légumes. Des cailloux de plus en plus importants tombent derrière moi. Je me retourne et j’entends un énorme éboulement dans la chambre de mon fils, Michel, suivi d’un gros nuage de poussière.

Heureusement, il n’est pas là, il est chez sa mère. Au même moment, ma femme rentre à la maison. Nous constatons que le plafond de la chambre de mon fils s’est écroulé. Avec le recul, c’était prévisible, il y avait de la moisissure depuis quelques mois. Suite à ce drame, je prends le portable et j’appelle les pompiers. Ils me disent de quitter l’appartement immédiatement.
Mon épouse et moi les attendons dans la rue, et lorsque je les aperçois, ils sont accompagnés par une personne ayant un objet sur l’épaule. Plus ils se rapprochent de moi, plus je comprends que l’objet en question est une caméra. Quand ils arrivent devant moi, les pompiers se présentent et les deux hommes précisent qu’ils sont journalistes de France 2. Je suis étonné et je me demande ce que font ces deux journalistes avec les pompiers. Ils m’expliquent qu’ils font un reportage pour le 20h sur l’habitat indigne, suite à l’incendie de l’hôtel Paris Opéra, où il y a eu 24 victimes dont 11 enfants.
Je les fais donc entrer dans l’appartement pour qu’ils constatent les dégâts. De là, ils me disent de préparer des affaires et que nous allons être évacués dans un hôtel du centre-ville.
Nous voilà partis pour l’hôtel boulevard Salvatore. Mon épouse et moi, nous rentrons dans l’hôtel. C’est un hôtel bas de gamme, que je trouve un peu sale. Le réceptionniste nous donne une chambre au deuxième étage. J’ouvre la porte de notre chambre numéro 24 et nous rentrons nos bagages dans la pièce. Je ne sais pas ce qu’il me prend, mais je défais les draps pour vérifier leur état.
Et là, quelle surprise ! Je constate qu’il y a une grosse tache de sang séché. Je rassemble nos affaires et je dis à ma femme « viens, on rentre chez nous ». Mais notre appartement est sous scellé, il nous est interdit de revenir. Que faire alors ?
J’arrache le scellé, et nous voilà rentrés chez nous. Un jour plus tard, alors que mon épouse est partie travailler comme tous les jours, deux hommes de la mairie et un homme de la protection civile viennent à mon domicile. Sûrement que l’hôtelier les a prévenus de notre départ, et c’est pour ça qu’ils viennent d’un pas si décidé.
Très aimables et ne pouvant pas nous laisser dans un tel lieu, ils nous proposent d’aller à l’hôtel-appart quatre étoiles situé boulevard Périer. Nous y restons un mois. J’y accueille mon fils un week-end sur deux, c’est un renouveau pour nous. Cela me rend particulièrement heureux d’avoir un appartement décent. Michel, choqué de ce qu’il s’est passé, se sent mieux dans le nouvel appartement. Malheureusement, ce n’est que provisoire. C’est ainsi qu’un mois après, nous sommes obligés de quitter le logement. Alors que nous n’avons pas de solution de repli, ma femme, heureusement, connaît grâce à une amie à elle un appartement libre rue de l’Arc.
Nous y aménageons directement. Bien sûr, nous payons un loyer. Quelques semaines après notre relogement, ma femme tombe malade. Le médecin traitant l’envoie consulter un pneumologue. Celui-ci lui diagnostique un début d’asthme.
Question : son état de santé est-il la faute de l’état de notre appartement rue Jean Roque, et de la forte moisissure du plafond avant écroulement ? Ou est-ce à cause du pollen qui circule dans l’air ? Des pollutions maritimes ? A vous, chers lecteurs, de juger.
Le combat continue contre le logement indigne.
Amicalement, Ludo.
