Du « convivialisme » dans nos quartiers
Face à la crise sociétale internationale, au déclin des dernières traces d’éthique et d’humanisme politique, à la xénophobie et la gentrification des plus palpables dans l’actualité – nous en sommes témoins à Marseille –, naissent encore aujourd’hui de nouvelles solidarités qui s’illustrent par de véritables projets citoyens, à l’instar de « Libertatia, le 102ème Département », troupe de recherche convivialiste* et centre de création transversale incluant théâtre, vidéo, cinéma, performance, musique, danse, chant, événementiel, un projet présenté ci-après par l’un de ses concepteurs, Félix.

Menée depuis 2015 par l’Embobineuse et la Cie Peanuts, co-construite avec des habitantEs et usagerEs du quartier de la Belle-de-Mai et du 3ème arrondissement de Marseille, cette action interroge la présence au monde et le vivre-ensemble d’un côté, les mécanismes de violence et leurs modes de transmission de l’autre.
Pour cette saison 2018-2019 « Libertatia, le 102ème département » se lance dans la mise en mouvement d’un ensemble de propositions conviviales, culturelles et citoyennes qui seront scénarisées, performées, tournées et montées afin de former les épisodes de la première saison d’une web-série, utilisant ce format très en vogue afin d’être diffusé le plus largement possible.
« Libertatia, le 102ème département », c’est la recherche d’une manière d’être-au-monde qui sache faire droit au désir de reconnaissance de tous, en favorisant l’ouverture coopérative à autrui. Une manière d’être-au-monde qui pose la question de comment faire place à la diversité des individus, des groupes, des peuples, des croyances, en s’assurant que la pluralité ne se transforme pas en guerre de tous contre tous.
Un des axes principaux du travail effectué dans ces ateliers est de mettre en avant la valeur ajoutée que représente l’immigration. Le regard que ces femmes et ces hommes, qui reviennent de loin, portent sur notre pays, peut réconcilier de nombreuses personnes, jeunes et moins jeunes, issues de l’immigration ou non, dans le rapport complexe qu’ils entretiennent avec leur pays et ses institutions.
Le groupe, à géométrie variable, transgénérationnel et composé en partie de personnes primo-arrivantes, se retrouve une fois par semaine dans les locaux de l’Embobineuse sur un projet qui se déploie tout au long d’une saison, mêlant performance, théâtre, improvisation, récit(s) de vie, sociologie et pratiques audiovisuelles, aux côtés de différentEs artistes et intervenantEs.
Notre action vise toutE habitantE et usagerE du quartier de la Belle-de-Mai et plus largement du 3ème arrondissement et des quartiers nords. Notre objectif est de pouvoir travailler avec un groupe le plus hétéroclite possible, toutes catégories confondues comme si nous voulions recréer ensemble dans notre atelier-laboratoire, une sorte de micro-société aussi plurielle et multiculturelle que notre environnement réel.
Dans le même mouvement, chaque épisode de la web-série sera l’occasion d’une action réelle, d’une performance concrète, qui sera prétexte au tournage. Par exemple dans l’épisode « Une Cantine pour Tous », où le collectif monte un restaurant dans le quartier, nous organiserons un vrai repas dans le restaurant associatif La Cantine du Midi et ce repas sera donc le moment privilégié d’une partie de ce tournage.
Ces temps de travail et de création sont animés par une base de 4 artistes :
– le metteur en scène Magdi Réjichi ;
– le comédien performeur Mahdi Félix Antoine Lunven ;
– le plasticien Jérôme Fino
– le réalisateur Mohamed Ali Ivesse.
Ensemble, ils interviennent en trio ou en duo.
Ils seront accompagnés sur certains temps forts d’artistes invités : Blandine Voineau et Cécile Casen de la Compagnie La Fêlure, Patrick Lombe et Freddy Duries (musiciens du groupe de Maloya-noïse Les Statonnels), en fonction du planning et des objectifs.
*Le « convivialisme » (en référence au Manifeste Convivialiste) est un mouvement qui cherche à rassembler toutes les idées, pratiques et initiatives visant à contrecarrer les maux de notre temps, en soulignant leur dénominateur commun : la recherche d’un convivialisme, d’un art de vivre ensemble (con-vivere) qui valorise la relation et la coopération et qui permette de s’opposer sans se massacrer, en prenant soin des autres et de la nature.
Source : lesconvivialistes.org